mardi 21 août 2007

Pujada al port de salau


Depuis 20 ans occitans et catalans se retrouvent en haut du port de salau pour un repas partagé le premier dimanche d'août. c'est l'occasion de rappeler les liens amicaux et culturels qui existaient par le passé et de construire l'avenir des peuples dans le respect des identités.


Un témoignage.....De Geneviève Pujol-Boebion née au Port de Salau.
Mémoire du Port: Le port de Salau lieu de passage et de vie (parfois)
Le port de Salau ne peut pas, ne doit pas mourir, ne doit pas tomber dans l'oubli. Trop de ruines témoignent d'un passé vivant.
Sentiers empruntés vers le XIème siècle par des pèlerins vêtus d'une large cape de bure, coiffés de galérus. Appuyés sur leur long bourdon muni d'une gourde à l'extrémité, ils marchaient, ils montaient le col silencieux, calmes, sereins avec, au bout de leurs pensées et de leurs espérances, Saint Jacques de Compostelle.
Plusieurs siècles plus tard, des maquignons espagnols arrachaient à leurs montagnes des juments libres, belles, fougueuses pour les conduire entravées, via le Port, vers les vallées de la Garonne et de l'Adour, pour une sédentarité forcées dans des prairies clôturées de haies. Au retour les hommes ramenaient des mulets au pied sûr, indispensables pour le transport de lourdes charges dans les étroits sentiers.
Suivaient aussi des contrebandiers chargés d'anisette, de rhum, de tabac à écouler versant français. Le "commerce" s'effectuait dans le Refuge- sorte de grotte creusée dans la roche et cimentée- à quelques centaines de mètres du col. Hommes avides de gain, toujours sur le qui-vive, prêts à filer vers le Bignaous si un berger complaisant d'un bref et strident coup de sifflet, les prévenait de l'arrivée de douaniers, ils rentraient à Alos à Esterri avec quelques pièces d'argent serrées dans leur "facha" de flanelle rouge. Petits négoces, petits trafics, mais un peu de vie tout de même!
Fin XIXème siècle, le Port s'animera d'une activité intense et prolongée; la société Matussière et Forest, à la tête de papeteries importantes, encore en expansion dans la région de Grenoble, avait besoin de bois de sapin pour alimenter la râperie de Salau. Après quelques projets déçus elle décida d'acheter à la Duchesse Médina Coeli, riche descendante de Hugues Capet une importante sapinière à Bonabé. Les arbres abattus, écorcés, équarris devaient être transportés à Salau, via le Col. De Bonabé il fallait atteindre une altitude de 2057mètres pour redescendre ensuite sur Salau à 800 mètres. Etudes, projets, transactions, aboutirent à l'installation de deux câble différents, l'un ascendant, l'autre descendant. Cela nécessitait la construction d'une station importante au Port de Salau. Et les difficultés commencent. Transport des matériaux, versant français de lourds attelages de chars à boeufs, aux roues de bois cerclées de fer, traînaient le matériel, précédés par des mulets lourdement chargés et cela sous les cris des charretiers. De la Vallées de la Noguera Pallaresa sur une côte un peu rude, seuls mulets et juments s'attelaient à cette besogne. Les rencontres sur le Port devaient, pour sûr être bruyantes. Puis ce fut au tours des bâtisseurs, des ingénieurs, des installateurs de machines.
Enfin, la longue et haute station bâtie, les câbles, les bennes, les wagonnets en place, le transport du bois commença. et la vie, l'animation aussi Six à dix ouvriers, le chef de station et sa famille, deux douaniers présents pour, (à la frontière,) le contrôle et le transport du bois. Une petite communauté vivait en ce lieu élevé. Elle fonctionnait, cette station, dans le sifflement régulier, le long des câbles, des bennes chargées de madriers, dans le cliquetis des chaînes déchargeant le bois sur des wagonnets de transbordement, dans les sifflets, les observations, les altercations des ouvriers; parfois, dans ce bruit, un chant s'élevait. à l'autre bout du bâtiment, en France, la cantinière s'affairait dans sa cuisine, elle allait, venait de la réserve à provision dans les sous-sol à la citerne- seul point d'eau- Dix à quinze personnes à nourrir. Pesant pour une femme seule. Dans la grande entrée s'alignaient deux longues tables. Pour le repas de midi, deux groupes se relayaient, rapidement; pas de perte de temps si précieux. Le soir, le souper se prolongeait en longues discussions, dans un "saber" de français, catalan, italien.. Agréable détente dans la fumée du tabac de contrebande. Parfois un espagnol tirait d'un vieil accordéon une douce sérénade ou il plaçait un disque sur le phonographe à manivelle et à large pavillon, cela avant de monter dans le grand dortoir.
Au Port de Salau, on vivait et travaillait à un rythme accéléré; d'Avril à Novembre il fallait faire vite car la neige tôt venue paralysait le trafic des câbles. Chacun à Bonabé ou à Salau regagnait sa famille. La "cantinière" et ses enfants descendaient dans "leur maison d'hiver". Deux mulets portaient linge, couvertures et vêtements dans des sacs de jutes brimbalant de part et d'autre du bât, sans oublier la panière à tringle où le chat miaulait d'inquiétude.
Le silence enveloppait la station. Cependant, deux hommes restaient là: le chef de surveillance et un ouvrier. Pas tout à fait isolés: électricité, téléphone les reliant à Bonabé et Salau. A tour de rôle, le dimanche, si la tempête ne soufflait pas ils descendaient pour une journée en famille équipés pour affronter le vent glacial: passe-montagne à oreillettes, doubles mitaines, petites raquettes artisanales fixées aux brodequins. Si les skis avaient été inventés, quelle amélioration de trajet! Après une journée en famille et une pénible montée on retrouvait le compagnon solitaire. Et les hivers s'écoulaient ainsi: surveillance et entretien des machines, parties de cartes, quelques braconnages pour améliorer les repas quotidiens: lapins et lagopèdes blancs par mimétisme, égarés dans la neige étaient une proie fragile.
Avril! Le soleil fondait la neige, gispet et réglisse à la racine douceâtre pointaient. Ouvriers, cantinière et famille regagnaient la station qui retrouvait travail et animation.
Plus tard, trop tôt hélas! la forêt de Bonabé épuisée, câbles, wagonnets n'avaient plus raison d'être. L'usine se tût, les machines furent démontées et transportées via Salau. Encore quelques mois de vie pour le Port. Un jour le grand silence! Adieu la station, adieu le Port, livrés au vent qui érode et détruit, aux corneilles, montées de leurs "cigalères" craillant tristement, aux moutons sans frontière des alpages voisins; parfois un vautour planait à l'affût d'un agnelet égaré. Quelle tristesse devant cet abandon!
Depuis quelques années à la satisfaction et l'espoir des nostalgiques, Français et Espagnols s'y réunissent, un dimanche d'Août pour la Pujada; agréable fête avec chants, musique, échange de souvenirs, naissance d'amitiés, promesses qui méritent d'être tenues. Il ne faut pas que tombe dans l'oubli ce coin de montagne qui, pendant quelques vingt ans a donné aux vallées du Salat et de la Noguera Pallaresa, vie, travail et prospérité. GPB.

Et un poème..........
ALT DEL PORT DE SALAU
De l’estimada Catalunya
i amb Occitània en el cor,
he enfilat la muntanya
he pujat fins aquest port.
He volgut veure ulls germans
descendents de trobadors,
he volgut veure occitans
que crearen “lleys d’amors”.
Quan amb els càtars penso
el meu cor s’omple de dol,
el Vaticà no vol parlar-ne
la França ni parlar-ne vol.
Dolça és la parla occitana
germana del català,
el Pirineu el pas no ens barra
si ens volem agermanar.
Amb nostra parla cantem versos
com els que ens canta en Raimon.
Si els polítics ens aparten,
la gent culta sap qui som.
Dolça és la parla occitana
germana del català,
el Pirineu el pas no ens barra
si ens volem agermanar.

Pere Vergés i Villalonga / juliol 2003
(Es pot cantar amb la música de LA SANTA ESPINA)



2 commentaires:

Arn-Wulf a dit…

Bonjour ma cousine,
Bravo pour l'exposition où nous sommes désolés de n'avoir pu te rencontrer. Nous avons été d'ailleurs très bien accueillis par tes camarades.
C'était très émouvant. Ton père était un bon example de ce que doivent être des "hommes de frontière".
Quand t'entendrons-nous chanter à nouveau?
Bisous.
Jocelyne et Philippe.

annie rieu-mias a dit…

merci pour ce soutien. les descendant-e-s essaient d'être dignes d'eux et de continuer la mission de transmission
annie